Millefeuille

Lire, découvrir, partager des livres…

La vérité sur l’Affaire Harry Quebert

laveritesurlaffaireharryquebertExtrait : « Un bon livre, Marcus, ne se mesure pas à ses derniers mots uniquement, mais à l’effet collectif de tous les mots qui les ont précédés. Environ une demi-seconde après avoir terminé votre livre, après avoir en avoir lu le dernier mot, le lecteur doit se sentir envahi d’un sentiment puissant ; pendant un instant, il ne doit plus penser qu’à tout ce qu’il vient de lire, regarder la couverture et sourir avec une pointe de tristesse parce que tous les personnages vont lui manquer. Un bon livre, Marcus, est un livre que l’on regrette d’avoir terminé. »

Pourquoi en lisant ce dernier passage, ai-je eu l’étrange sensation que l’écrivain Joël Dicker m’observait à travers le roman qu’il achevait ? J’avais effectivement le sourire au coin des lèvres et  ce sentiment de regret qu’il m’arrive bien souvent d’avoir à la fin d’une lecture qui a su me tenir en éveil des soirées, des nuits, des après-midi… Bref je me suis esclaffée : quel farceur cet écrivain ! Me faire lire plus de 600 pages passionnantes, me faire vivre les vicissitudes d’un écrivain en devenir avec en toile de fond une macabre découverte qui relancera une enquête policière dont on ne compte plus les rebondissements, et achever l’œuvre en prenant à témoin le lecteur à la toute fin pour prouver qu’il a réussi de main de maître à écrire un très bon roman ! Chapeau bas !

J’aime les romans policiers rondement menés. J’aime que mes théories tout comme celles de l’enquêteur soient bousculées. J’aime vivre avec les personnages tout au long des pages. J’aime être surprise. J’aime l’humour et les exercices de style quand ils sont intelligemment amenés. Je ne pouvais donc qu’aimer ce livre qui mérite de loin le Prix Goncourt des Lycéens !

L’histoire ? Marcus Goldman est un jeune romancier qui suite à un premier succès littéraire, se retrouve face à une maladie bien connue chez les écrivains : l’angoisse de la page blanche. Pour y remédier et retrouver confiance en lui, il va retrouver son mentor et ancien professeur de lettres de l’université Harry Quebert. Mais l’inspiration ne viendra peut-être pas d’où il pensait. Le corps d’une jeune fille disparue il y a 30 ans est retrouvé dans le jardin du professeur. En menant l’enquête pour disculper son ami, Marcus réalisera en parallèle une introspection de sa propre vie de jeune romancier. Joël Dicker utilise le prétexte de l’enquête policière pour retracer ainsi deux vies d’écrivain où les apparences font place à une vérité pas toujours honorable (ou comment arranger la réalité pour acquérir la reconnaissance). Le passage du flambeau du maître à l’élève aura bien lieu. Comment ? Lisez le livre car il le mérite !

La fille avec la robe à pois

La fille avec la robe à pois, Béryl Bainbridge

Dernier livre lu en 2012 : La fille avec la robe à pois de l’écrivain britannique « Béryl Bainbridge » est un road-novel sur l’Amérique de la fin des années 60. JFK et Martin Luther King sont morts. Robert Kennedy est en pleine campagne à Los Angeles.

Rose est britannique et débarque aux États-Unis pour rejoindre Washington Harold, un américain bourru et rentier. Pourquoi ? Pour Rose, il s’agit de retrouver un « ami » qu’ils ont en commun : le docteur Wheeler. Mais pour Harold, les raisons sont plus obscures. L’écrivain est très avare en informations : elle distille de façon très parcimonieuse les éléments qui permettent de comprendre pourquoi ces deux personnages se sont rencontrés et pourquoi ils entament une traversée des États-Unis. La quête du docteur Wheeler semble n’être qu’un prétexte pour expliquer les caractères complexes de Rose et de Harold et que tout oppose. Une métaphore sur les différences qui opposent les Vieux et  Nouveau Continents à l’époque ?

Nos personnages croisent de nombreux personnages. Des amis d’Harold : des gens aisés et cultivés, aux idées politiques bien arrêtées. Des Américains de classe populaire. Des immigrés. Au fil des pages, on découvre l’enfance difficile des deux héros avec en toile de fond une Amérique dans l’ère « Kennedy ». On essaie de comprendre mais les dialogues de sourds des héros nous en empêchent. La fin est salvatrice… ou presque car justement je suis restée « sur ma fin ». J’aurais voulu en savoir plus : fouiller le passé de Rose, découvrir qui est le docteur Wheeler et comprendre les motifs du comportement de Harold, etc.

Autant de raisons qui font que je n’ai pas particulièrement apprécié ce roman : trop poussif pour un road-novel, trop économe en détails… C’était sûrement la volonté de l’écrivain mais je n’ai malheureusement pas « accroché ».

Librairies jeunesse à Paris

Pour les petits Parisiens qui ne partent pas à Noël ou pour ceux qui viennent dans la capitale, voici des adresses de librairies « Jeunesse »… Hop, hop, hop, on y court !

http://www.mylittlekids.fr/cartes/carte-librairie-ou-emmener-ses-enfants.html

Livres à offrir à Noël – Les BD

Noël approche à grands pas… Il est temps de commencer à remplir la hotte du Père Noël. Vous manquez d’idées ? Le livre est une valeur sûre. Allez, je vais vous aider un tout petit peu dans vos choix en commençant par les bandes dessinées :

Adultes

Á nous deux Paris (J.P. Nishi)
J.P. Nishi est Japonais et passionné de bande dessinée française. Il décide de venir vivre à Paris quelques temps pour découvrir la ville (tant rêvée par ses concitoyens) et le métier d’auteur de BD en France. Mais au fur et à mesure des jours, le jeune homme découvre une ville, des habitants et une culture bien éloignée de ses rêves ! J.P. Nishi nous reflète une image du Parisien, du Français très amusante et parfois déconcertante tant nos cultures sont éloignées l’une de l’autre 😉 Le bisou sur la joue en signe de bonjour semble l’avoir particulièrement marqué au point que la France est pour lui « le pays aux bisous » 😉

À partir de 15 ans :

Beauté (3 tomes) de Kerascoët et Hubert
C’est l’histoire d’une jeune fille au physique et au métier (d’écailleuse de poissons) ingrats. Elle est la cible des quolibets de toute la population de son village et peine donc à trouver l’âme sœur. En cachette, un jeune garçon est amoureux mais n’ose lui avouer. Un jour, elle croise la route d’une fée qui lui propose de la rendre « belle aux yeux des autres ». Le regard des autres change très rapidement au point que les hommes s’entretuent pour la prendre. Elle rencontre un prince totalement ébloui qui souhaite l’épouser… Mais devenue très confiante en elle-même grâce à sa beauté, la « Belle » préfère un autre roi qui lui est présenté. Une machinerie « politique » semble se mettre en place à son insu… La beauté suffira-t-elle à son bonheur ?

Ratafia (5 tomes) de Pothier et Salsedo
Vous aimez les jeux mots ? Vous aimez rire ? Vous allez être servi ! Chaque page (voire case) de Ratafia est un concentré de jeux de mots et de références. C’est l’histoire d’un marin mystérieux qui lors d’une partie de cartes au port, gagne 9 cartes au trésor et son bâteau « La Kouklamou ». L’équipage mené par Romuald n’a de cesse de vouloir découvrir ces trésors mais c’est sans compter sur leur nouveau capitaine, un homme de Lettres, philosophe et amateur de bonnes chaires et de bons mots dont le but semble être de les guider obstinément vers la « sagesse »:-) Évidemment l’avidité et l’aveuglement des premiers s’opposent à la philosophie du second.

À partir de 8 ans :

Lou (6 tomes) de Julien Neel
Voilà une BD qui compte déjà de nombreux fans ! Lou est une jeune fille qui vit avec sa mère (future écrivain de romans de science-fiction à succès) et va à l’école avec des super copines. Elle rencontre Tristan qui deviendra un super ami (ou un petit-ami ? ;-)). Elle passe ses vacances chez sa grand-mère (une femme acariâtre) dans le très sympathique village de Mortebouse (ça en dit long :-)… De nombreux personnages interviennent tout au long des tomes et révèlent un personnage attachant et dans lequel de nombreux enfants peuvent se reconnaître : elle joue à la DS, raconte sa vie et ses états-d’âme dans son carnet secret, elle se fâche avec ses copines, elle tombe amoureuse, etc. J’en parle peut-être moins bien que mes enfants… Allez-y c’est un très choix !

À partir de 5 ans :

Akissi (3 tomes) de Marguerite Abouet et Mathieu Sapin
Voilà une petite héroïne qui nous présente une autre Afrique que celle montrée à la télévision. Akissi est une petit africaine très espiègle ! Toutes les bêtises sont pour elle ! Enfin, pas toujours car parfois elle voudrait faire comme les adultes mais évidemment son sens de l’initiative s’avère désastreux. Exemple :  en voulant imiter sa grand-mère elle finit par brûler les cheveux de sa cousine. Elle aime les animaux… tous même les poux ! mais c’est pour mieux éviter la séance de tressage visiblement très douloureuse 😉 En prime, à la fin de l’album l’auteur  nous offre des recettes !

Bookcrossing ou comment partager ses livres

Ne vous est-il jamais arrivé de trouver un livre abandonné sur un banc publique ou sur un siège de bus ou de métro ? Moi oui mais je n’ai jamais osé le prendre… jusqu’à ce que j’en trouve un à la bibliothèque près de chez moi. Non, ce n’était pas un livre de la bibliothèque mais bien celui d’un particulier posé avec l’intention de le partager. Une étagère près de l’accueil est d’ailleurs destinée à ce genre de dépôts depuis et je trouve l’idée intéressante.

Voilà une façon originale de partager ses lectures avec d’autres amoureux du livre. Certains vont même très loin en pratiquant ce que  l’on appelle le « bookcrossing » : il s’agit d’abandonner délibérément un livre dans un endroit stratégique en rapport avec l’histoire. Le livre porte un numéro qui invite à aller sur un site web afin de suivre le voyage de ce livre !

Si vous êtes curieux et souhaitez partager vos livre, cliquez ici : http://www.bookcrossing.com/

Cependant, je ne peux m’empêcher de me demander combien de temps nous allons pouvoir « jeter à la mer » ces « bouteilles » ? En effet, le livre électronique ou la liseuse ne nous permettront plus de partager ainsi les livres dans les lieux publiques puisque le livre se réduit à un fichier électronique aujourd’hui cadenassé par les DRM : nous achetons un fichier dont nous ne sommes même pas propriétaires !!

Promenons-nous dans les bois

Ce que j’aime chez les écrivains américains (du moins ceux que j’ai lu – John Irving, Iain Levinson) c’est leur sens de l’humour fantasque et décomplexé bien éloigné du français. En choisissant ce livre à la bibliothèque, j’avais envie de découvrir un nouvel auteur et j’avais également besoin de dépaysement.
En lisant Promenons-nous dans les bois de « Bill Bryson », j’ai été servie et j’ai beaucoup ri !

L’auteur nous explique qu’installé depuis peu dans le Maine, il découvre lors d’une de ses promenades un des sentiers du célèbre « Appalachian Trail » Le sentier de randonnée des Appalaches est l’un des trois plus longs sentiers de randonnées dans le monde. Il relie la Géorgie au Maine (la côte Est du Sud au Nord)… Le GR 20 sauce américaine si vous préférez… Enfin comme chez nos cousins d’Amérique tout est surdimensionné, on comprend vite qu’avec 3 500 km (enfin les guides n’étant pas très précis il varie entre 3 200 et 3 600km, véridique !) à parcourir et des dénivelés à vous étourdir, le GR 20 c’est finalement de la rigolade ;-).

Après avoir lu toute la littérature existante sur ce fameux sentier et tous les risques qui l’entourent (notamment les ours bruns, les plantes toxiques, les insectes…), Bill Bryson, empli de l’esprit aventurier des pionniers américains, décide par un beau matin de printemps de s’attaquer courageusement au Mont Springer (le point de départ en Géorgie) en compagnie de son ami Stephen Katz. Si Bill est un « habitué des randonnées » (petites randos d’une journée), on ne peut pas en dire autant de son ami, ancien alcoolique accro aux séries TV et aux donuts. Bref, les deux compères chargés comme des baudets sont optimistes et partent le cœur plein d’allant. À ce stade du livre, je me suis vraiment demandé « mais qu’allaient-ils donc faire dans cette galère ? »

En chemin, ils rencontrent tous types de randonneurs : des scouts, des touristes à la journée, des geeks incapables de s’orienter malgré tout leur barda technologique, des gens perdus, des trekkers qui auront parcouru le chemin d’une traite (plus de 140 jours !), des pseudos trekkers vêtus comme pour un défilé haute-couture… Bref ceux qui ont déjà réalisé des GR comprendront bien ce que je veux dire :-). Au fur et à mesure de leur avancée laborieuse (il faut bien le dire) et de délestages répétés, nos deux héros finissent par prendre leur rythme et par découvrir leur nouvel environnement : le calme, les changements climatiques, les bruits, les insectes, la faune et la flore. Ils prennent conscience de la majesté des lieux, des arbres et de la beauté des montagnes mais aussi des dégâts de politiques économiques et scientifiques parfois totalement irresponsables. C’est le « paradoxe américain » : on créé des sentiers pédestres pour « préserver » la forêt et cet « esprit nature » mais finalement on construit des autoroutes pour les traverser car comme l’explique l’auteur : aujourd’hui les Américain prennent leur voiture pour faire 500 m. Alors imaginez pour parcourir 20 km à travers les bois ! Autre exemple : des scientifiques ont tué dans les années 60 les tout derniers spécimens d’oiseaux rares pour les étudier. Dommage ! Et ne parlons pas des ravages provoqués par  des insectes asiatiques sur des essences elles aussi en voie de disparition. Sous l’apparence du rire et de la bonne humeur, Bill Bryson nous interpelle sur des sujets environnementaux sérieux, graves.

Enfin… Nos deux compères arriveront-ils à relier la Géorgie au Maine ? Rencontreront-ils un ours brun sur leur chemin ? Survivront-ils au régime « pâtes et snickers » ? Finiront-ils congelés sous 5 m de neige ?… Non, je ne dirai rien. Lisez ce livre. Sous des dehors légers, il est très sérieux. Il replace l’Homme à sa place (qui est très petite) et pose de nombreuses questions sur l’avenir des forêts et notre environnement au sens large du terme, sur nos comportements et nos sociétés de consommation.

Rosa candida

Arnljótur quitte l’Islande pour aller cultiver sur le continent la Rosa candida dans le jardin d’un monastère très isolé.

Le jeune homme quitte un frère jumeau autiste, un père âgé et le souvenir d’une mère décédée dans un accident de voiture. Une mère qui aura eu le temps de lui faire découvrir sa passion pour les roses et plus précisément pour les Rosa candida, ces roses à huit pétales très rares. Il quitte également Anna qui fut sa petite amie l’espace d’une nuit et qui donnera naissance à une petite fille.

Dans sa retraite, au milieu de sa roseraie, Arnljótur va apprendre à devenir adulte. Il y retrouvera rapidement Anna et sa fille. Ensemble ils vont peu à peu mûrir, grandir et  apprendre à vivre ensemble.

Voilà un livre d’une grande sensibilité presque romantique qui se lit avec beaucoup de plaisir !

Purge

Estonie – 1992. L’Union soviétique, moribonde, quitte ce petit pays balte qu’elle occupait d’une main de fer communiste depuis 1940. Dans les campagnes, l’heure est aux règlements de comptes et Aliide, une vieille paysanne, se terre chez elle.

Un matin, une jeune femme échoue dans son jardin. Après moultes hésitations, Aliide décide de la recueillir. Petit à petit Zara et Aliide vont apprendre à se connaître à demi-mot.

La première vient de Vladivostok et pour fuir une mère aliénée par un passé dramatique, elle a accepté de jouer les « escort girls » à l’Ouest. Maltraitée par son « maquereau », elle s’enfuit pour rejoindre cette grande tante dont elle a entendue parler petite. Une grande tante restée en Estonie après le départ des Allemands en 1944. Zara voudrait comprendre l’histoire de sa famille : pourquoi sa mère est folle ; pourquoi la valise de son grand-père qu’elle n’a jamais connu, est précieusement gardée dans la chambre commune ; pourquoi cette tante est restée en Estonie tandis que sa grand-mère (sa sœur) était envoyée en camp de travail à Vladivostok…
Aliide, elle, est poursuivie par les démons du passé. On découvre que sa vie n’a été qu’une suite malheureuse de résignations. Elle est d’abord tiraillée entre l’amour et la jalousie. Et puis un événement va la faire basculer rapidement et malgré elle dans la haine et la cruauté. Il est difficile, en effet, de survivre aux expéditions punitives des communistes. Aliide comprend que sa vie ne lui appartient pas et que pour survivre, elle va devoir s’accommoder de la réalité.

L’écriture de Sofi Oksanen est efficace et le ton juste : pas d’apitoiement ni de mièvrerie. Le sujet est très dur : il s’agit, comme l’indique le titre, de purger les personnages de ce roman des erreurs et des horreurs du passé qui se révèlent crescendo au fil des pages.

Voilà un très bon livre à dévorer en deux jours. À lire du même auteur : Les vaches de Staline

Où il est question d’un Roumain et de son lapin

Vous aimez le burlesque ? Alors vous allez aimer Les tribulations d’un lapin en Laponie de Tuomas Kyrö.
Ce livre est une fable contemporaine qui se passe en Finlande mais qui aurait très bien pu se passer en France, en Grande-Bretagne, bref dans n’importe quel autre pays d’Europe de l’Ouest.
Vatanescu est roumain et pauvre. Son rêve : offrir des chaussures de foot à son fils. Pour cela, il accepte un marché crapuleux : faire la manche dans les rues d’une grosse ville finlandaise (75% pour le chef du réseau et 25% pour lui… équitable, non ?). Il déchante très vite et comprend qu’il n’y a aucune issue à cette activité et surtout qu’il ne reverra jamais son fils. Il décide alors de se rebeller et de s’enfuir. Dans sa fuite il sauve un lapin du lynchage d’un groupe d’enfants. Dans l’adversité, les opprimés se serrent les coudes, c’est bien connu. Le lapin devient alors le faire-valoir de Vatanescu. Dans leur course à travers la Finlande pour échapper à la police, ils vont rencontrer une brochette de Finlandais très différents les uns des autres. À travers tous les personnages que Vatanescu rencontre, l’auteur nous dépeint les travers d’un pays  (ou d’une Europe) « civilisé » : l’individualisme, l’absurde administratif, la répression policière, le populisme « positif », le racisme, l’opportunisme…  mais aussi (et heureusement) la solidarité, l’amitié et même l’amour.
L’innocence de notre « Candide » roumain le rend « humain » et donc « célèbre ». Rattrapé par les media, Vatanescu devient dès lors un pantin à la tête d’un parti politique, celui des « gens ordinaires »… Que devient le lapin dans toute cette histoire ? À vous de le lire pour le savoir 🙂

Témoignage afghan

Fuir les Taliban (André Boesberg)… Le titre en dit long sur le contenu du livre. J’ai décidé de lire ce témoignage avant tout pour éclairer ma vision d’occidentale bien éloignée de la réalité afghane ou plutôt limitée aux articles de presse et reportages TV occidentaux. Qu’en est-il vraiment des Afghans ? Comment vivent-ils leurs conditions sous le régime Taliban ?  Voilà les principales questions que je me posais avant d’ouvrir le livre. Bien entendu, j’avais déjà lu des romans sur le sujet (Les hirondelles de Kaboul de Yasmina Khadra) mais un témoignage révèle la réalité et quand il s’agit de celui d’un enfant, on se dit qu’il n’y a pas de place au mensonge.

On suit donc la vie de Sohaïl, 11 ans, et de sa famille lors de leur dernier été en Afghanistan avant et pendant leur fuite.
Nous sommes en 1999. Tout commence avec une exécution dans le stade de Hérât… Les Taliban, drogués au tchars, aiment les grandes démonstrations. Sohaïl y assiste à contre-cœur avec son meilleur ami Obaïd. Petit à petit on s’enfonce dans un quotidien invraisemblable où la peur nourrie par des fous illettrés et drogués, domine. Sohaïl vit dans un monde « muet » : il sent qu’il se passe des choses autour de lui mais le mutisme ambiant l’empêche de comprendre. Petit à petit, il découvre que Obaïd prend des photos qu’il fait passer hors du pays et que la mère de ce dernier participe à la RAWA (association de lutte féminine). Des personnes disparaissent. Son amie Hafiza est mariée (vendue) à un homme riche qui traite avec les Taliban. Malgré son air fatigué, son grand-père semble très « actif » dans la résistance. Sa soeur apprend l’anglais en cachette. Et puis un jour tout bascule : les Taliban mettent à sac sa maison. Son père, actif résistant, doit se cacher. Sohaïl doit fuir son pays avec sa mère et sa sœur. On suit ensuite leur long et angoissant périple jusqu’aux Pays-Bas.
Tout au long du livre, on ressent une immense nostalgie sur « l’Afghanistan d’avant » : faire voler les cerfs-volant, parler avec les filles et jouer avec elles, aller à l’école, être libre de ses mouvements et de ses paroles, admirer le paysage… En 2007, Sohaïl devenu étudiant n’est toujours pas retourné en Afghanistan, son vœu le plus cher pour retrouver son père, ses amis et sa terre.

A lire sur le même sujet, deux livres également bouleversants :
Les hirondelles de Kaboul de Yasmina Khadra
Opium Poppy de Hubert Haddad

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